Interview Megeyewear au Point de Vue d'Alice

La spécificité du Point de Vue d’Alice est de référencer des créateurs de lunettes talentueux. C’est important pour moi de faire le lien entre les créateurs, leurs créations et les porteurs de lunettes

C’est pourquoi, le 18 février 2021, j’ai échangé avec Meg de la marque Meg Eyewear, le temps d’une rencontre virtuelle sur Instagram, autour de la création de lunettes en général, et de sa marque en particulier. Voici l’interview ! 

Meg Eyewear, opticienne créatrice designer pour femmes

Alice : Bonjour Meg, Je te laisse la parole, peux tu te présenter, peux-tu nous en dire plus sur toi, tes créations, ton univers ?

Meg : Je m’appelle Mégane, Meg pour les intimes. J’ai 26 ans, j’ai crée ma première collection il y a 3 ans. C’est une collection 100 % française, puisque c’est dessiné, imaginé, réfléchi à Bordeaux, et fabriqué à Oyonnax, dans l’Ain, à une heure de Lyon.

C’est une collection exclusivement féminine, notamment à cause de la forme du nez. C’est une forme de pont en as de pique, c’est ce qui caractérise les lunettes que je dessine et c’est présent sur tous les modèles. C’est comme cela qu’on reconnaît une lunettes Meg.

Megeyeawear créatrice lunettes 100% français

Alice : Tu as les deux facettes dans ta carrière : Tu sais ce dont les porteurs de lunettes ont besoin, donc tu les crées.

Meg  : J’ai travaillé en magasin de créateurs : Les belles gueules à Bordeaux pendant 3 ans et demi. J’ai la casquette d’opticienne qui me permet maintenant de faire attention dans mes dessins au confort et à la praticité pour un opticien, notamment en termes de montage et de manipulation. 

Il faut que ce soit confortable pour le porteur final et agréable à travailler pour l’opticien qui référence mes lunettes. 

Des lunettes durables, toute en élégance et sobriété

Alice  : Tu as cette notion de confort, qui est essentielle quand on essaie une lunette, et tu as cette notion de créativité de tes montures. Dans le contexte actuel, on a besoin actuellement de choses qui nous émerveillent, qui donnent du sens à ce qu’on voit et ce qu’on fait. Cette créativité chez toi, c’est une vraie signature, qui reste tout en élégance et sobriété.

Meg  : Oui, c’est l’idée. Je veux dessiner des formes qu’on ne voit pas ailleurs, mais en même temps qu’elles ne soient pas trop farfelues. Elles doivent s’inscrire dans la durée, ne pas se démoder trop vite. Si les lunettes sont démodées au bout d’un an : ce n’est pas dans l’idée. Donc autant dans le design que dans la fabrication, j’essaie de créer une durabilité et en même temps une petite originalité.

Alice  : Des lunettes classiques, mais originales, c’est ce qu’on me demande tous les jours, et c’est dans tes créations que je les ai trouvées ! 

Ce qui est intéressant, c’est que tu as pensé à tout : Les formes sont pensées pour une raison particulière, les étuis sont pensés pour leur utilité, tes couleurs sont référencées. Tu as vraiment une signature, un univers et vraie identité visuelle. C’est tout cet univers là que tu arrives à faire passer dans tes créations.

Meg : C’est assez difficile d’ailleurs d’avoir un univers propre. Il y a tellement de créateurs qui font des choses magnifiques, il fallait que je trouve ma signature, ma patte. C’est essentiel pour moi. 

L'univers de Megeyewear, sobre, classique et élégant
Tableau d’Inspiration – Meg eyewear

Le processus créatif derrière une lunette Meg Eyewear

Alice : Tu as un univers qui t’inspire. On s’était rencontrées dans un premier temps par réseaux interposés, tes créations m’avaient interpellée. Puis il y a eu cette rencontre physique au salon de l’optique à Paris, j’en garde un souvenir ému. Tu présentais tes créations avec ta maman, une jolie femme à tes côtés qui te ressemblait beaucoup. J’ai été touchée par cet accompagnement, car avec la famille, ça donne encore plus de sens à nos projets. 

Meg  : C’est un univers créatif dans lequel je suis plongée depuis toute petite. Mon papa est menuisier ébéniste, ma grand-mère était couturière. C’est pour cela que je me suis lancée dans une activité mettant en valeur ma créativité. Je suis beaucoup suivie par ma famille, et par ma maman qui m’accompagne sur les salons. Elle me donne son avis, elle passe les lunettes, et ma famille porte mes lunettes.

Alice  : En tant qu’opticien, on référence différentes formes, différentes couleurs… Les clients sont parfois perdus devant tous ces univers. Comment trouves tu l’inspiration pour tes formes, tes couleurs ? Tu fais des essais sur ta famille, tes copines… ?

Meg  : Pour dessiner, je prends comme base mon nez. J’ai différentes manières de procéder : Je suis très fan de déco et d’architecture. Ce sont des domaines sur lesquels je suis en veille permanente et qui doivent certainement m’influencer. J’ai aussi une technique de dessin qui est de prendre des visages féminins, connus ou pas et de suivre la ligne des sourcils. En effet, c’est très important d’avoir des lunettes qui suivent les sourcils mais pas au-dessus de cette ligne ! Chaque visage a une forme différente, et pour « lunetter » un maximum de visages, je me sers de cette technique, notamment pour le haut de la lunette. Ça me permet de dessiner une forme qui devrait correspondre à plusieurs visages.

Alice : Dans le travail d’opticien, on a cette première lecture là : la monture doit être bien positionnée sur le nez. Il y a donc ensuite ce travail de dessin de la monture qui doit bien reprendre la forme naturelle du visage. Tout cela créé une harmonie quand on porte tes lunettes.

Des formes originales et classiques avec Megeyewear au Point de Vue d'Alice à Quimper
Photo Meg Eyewear

Pour le bas de la monture, comment tu la travailles ?

Meg  : C’est un peu au feeling. Je peux avoir envie de quelque chose de très droit sur le dessous. Je suis un sourcil un peu arqué, mais je peux avoir envie de casser cette courbe avec une ligne plus droite en dessous. Je dessine, je modifie. Je travaille dessus, je laisse reposer, je reviens dessus et ça détermine la forme que je vais faire prototyper.

Alice : Tu as déjà créé des modèles, qui finalement, n’étaient pas comme tu l’imaginais ?

Meg  : Non, car justement il y a cette étape du prototype entre les deux. Mais beaucoup de fois, j’ai pu faire refaire un prototype, car ce n’était pas pareil que ce que j’imaginais. J’ai apporté des modifications pour être plus harmonieux. Quand on dessine, on peut avoir parfois des formes un peu « patate ». Un arrondi qui va sur l’extérieur, c’est « patate ». Quand on dessine, ça ne saute pas forcément aux yeux, et avec le prototype, on s’en rend compte. On refait donc le prototype, et ensuite on peut lancer la production qui correspond aux attentes.

Alice  : C’est intéressant, tu es en lien avec des jeunes qui sont en train d’être formés ?

Meg  : Oui, j’enseigne le façonnage à Bordeaux aux étudiants en troisième année. J’ai des anciens élèves qui travaillent pour des marques créateurs. Ils sont tous opticiens à la base. 

Un long travail de prototypage pour réaliser une lunettes chic et élégante au Point de Vue d'Alice
Photo Meg Eyewear

De la plaque d’acétate à la monture finale : un travail d’artisanat

Alice : Ok. On a parlé de ton processus de création, des formes de lunettes et du prototypage. On va parler maintenant des fameuses plaques d’acétate. Comment ça se passe ?

Meg  : Je fais fabriquer à Oyonnax. C’est une matière plastique, fabriquée à partir de fleurs de coton et qui sert à faire les lunettes en plastique qu’on connaît. Mon fabriquant reçoit de grandes plaques, dans lesquelles il va découper les formes de lunettes. Je reçois le prototype, je fais valider sur des visages, pour vérifier la ligne de sourcil, la forme, et une fois le prototype validé, je reçois la monture finie. 

Alice  : C’est super intéressant. En magasin, on reçoit un carton, mais on n’imagine pas tout le travail derrière. Cette notion de design, de travail, d’artisanat, où l’histoire de cette lunette a commencé. C’est ce qui intéressant de valoriser. Cela donne du sens à la création. 

C’est un savoir faire qu’il faut défendre, faire connaître et expliquer. 

Concernant les plaques d’acétate. Comment tu les choisis ?

Meg  : C’est une contrainte de trouver l’acétate qui nous plait. Il y a pleins de motifs. Tous ne plaisent pas forcément. Ce sont deux fabricants italiens Mazuchelli et La/Es. Mazuchelli travaille de gros volumes, tandis que La/Es propose de plus petits volumes. Ma production étant assez petite, l’offre de La/es me permet de m’y retrouver. Leur catalogue est beaucoup moins important que Mazuchelli. Ils proposent néanmoins de l’acétate de belle qualité et de très belles couleurs. 

Une des contraintes est que je choisis mes couleurs sur écran, et ça c’est un peu compliqué. Je fais une sélection, je reçois des échantillons et ensuite je fais mon choix. La présélection se faisant sur écran, j’imagine que je passe à côté de belles choses…Tout comme je reçois des choses qui ne me plaisent pas du tout et qui me semblaient très belles sur écran.

Les lunettes Megeyewear sont fabriquées à partir de plaque d'acétate italiennes
Plaques d’acétate – Photo Meg Eyewear

Pour des productions plus importantes, j’ai commandé de l’acétate chez Mazuchelli, puisque j’arrive à faire un peu plus de volumes qu’auparavant. C’est un cercle vertueux : plus on évolue, plus on a accès à des choses sympas. Et plus on fait des choses sympas, plus on fait du volume…

Alice  : Dans quel rythme de fabrication, de sortie de collections es-tu ?

Meg : Je n’ai pas le rythme classique de certains créateurs. Mes dates de sorties ne seront pas forcément calées comme les autres créateurs. Il faut qu’au niveau de mon stock, j’aie des besoins, en même temps que j’ai besoin de nouveautés. Ce sont des choses avec lesquelles je dois jongler. Ce qui fait que mes dates de sortie ne sont pas calées sur les dates des grands salons de la lunette. Si on a à nouveau des salons, je serai de nouveau dans cette dynamique. Pour l’instant, j’essaie de sortir des nouveautés, en attendant la collection de printemps. Et à la rentrée, il y aura encore des nouveautés.

Meg Eyewear, une lunette design à l’univers 100 % français

Alice  : Ce qui me plaît aussi dans ton univers, c’est que pour chaque lunette, tu donnes un prénom…Il y a des Juliette, Bertille, Joséphine…Ça me fait sourire, car ça rappelle nos cadres de référence…Donc beaucoup d’émotions dans les noms…Comment tu choisis ? 

Meg : Ce ne sont pas des gens que je connais. C’est surtout des prénoms que j’aime bien. J’aime beaucoup ces vieux prénoms français. Ça rajoute une touche à mon univers 100 % français, ça donne beaucoup plus de sens à la lunette. 

Alice  : C’est quoi ton top 3/5 de modèles ? 

Meg : J’ai beaucoup aimé dessiner la Bertille. C’est un de mes premiers dessins. J’étais sûre que ce modèle marcherait. Et il marche très bien. C’est un modèle qui est dans la collection depuis le début, et qui est toujours bien vendu. 

Lunettes Bertille Meg Eyewear Au Point de Vue d'Alice Quimper
Lunettes Bertille

Hombeline, lunette Meg Eyewear au Point de Vue d'Alice Quimper
Lunettes Hombeline

Hombelline, l’une des meilleures en solaires.

Eleonore Lunettes  Meg Eyewear au Point de Vue d'Alice Quimper
Lunettes Eleonore

Eleonore, c’est mon tout premier dessin. Après mon BTS, on avait un projet de fin d’année, je devais dessiner une forme de lunettes. J’ai décliné cette forme dessinée à l’école pour en faire quelque chose de plus facile à porter, et c’est comme ça qu’est née Eleonore.

Hortense, Lunette Meg Eyewear au Point de Vue d'Alice Quimper
Lunettes Hortense

Hortense : Un modèle plus carré.

J’aime beaucoup les formes arrondies, plus ça va, plus je m’en éloigne. Dans le futur, je vais intégrer plus d’angles. Je vais dessiner quelque chose pour les gens qui ne veulent pas porter du rond. 

La forme arrondie, un classique de la lunette française Megeyewear
Inspiration – Photo Meg Eyewear

Alice  : Je rebondis sur ce que tu viens de dire : Il y a 10 ans il n’y avait que des rectangulaires, il y a 5 ans, plus que des rondes. Maintenant il y a toutes les formes. Ce n’est plus une histoire de mode. Il y a des formes de visages différentes, il y a aussi besoin de respecter une morphologie, un équilibre. Merci de proposer des formes différentes.

Meg : Je ne fais pas des lunettes mode. Je veux « lunetter » un maximum de visages, j’essaie de tout intégrer à la collection, pour contenter tout le monde. 

Alice  : Dans l’univers que tu proposes, ce qui me plaît aussi, ce sont tes étuis à lunettes ; Raconte nous comment est venu cet étui à lunettes.

Meg : Mon étui ressemble à un croissant, toujours pour le clin d’oeil à la France. France, viennoiserie, croissant. Il y a toujours de petits détails, de l’étui à la monture, pour coller à l’univers subtil de la marque. Comme par exemple le nom de la marque caché à l’intérieur. Le porteur découvre ces petits détails, qu’il n’a pas forcément vus au premier coup d’oeil. Tout cela pour coller à l’univers subtil de la marque. 

les étuis à lunettes Megeyewear, le détail français qui fait la différence
Etuis à Lunettes Meg Eyewear

Le Point de Vue d’Alice à Quimper, magasin indépendant, représente la marque Meg Eyewear

Alice : On sent vraiment l’authenticité et le savoir-faire. Tous les éléments que tu as mis en place se ressentent. Il y a un engagement derrière tout ça, à faire valoir ce savoir-faire. Félicitations pour cet engagement là. 

Meg : Je suis présente dans différentes villes de France, au Luxembourg, en Guadeloupe et au Japon, mais principalement en France. Sur la partie Est de la France, j’ai très peu de points de vente. 

Parfois il faut faire beaucoup de kilomètres pour trouver des montures Meg. C’est quelque chose que je développe. Cela va se faire petit à petit. La difficulté au départ c’est d’avoir peu de magasins qui travaillent bien la collection. Sortir des nouveautés, c’est difficile financièrement parlant. J’essaie d’enclencher un cercle vertueux : Augmenter le nombre de revendeurs, pour augmenter la production. Plus on a de partenaires, plus on a les moyens de sortir des nouveautés. 

Alice  : Tu sélectionnes les magasins où tu souhaites être représentée ? 

Meg  : Ma sélection se tourne vers le magasin indépendant qui a une sensibilité au travail de créateurs. C’est ces partenaires que je souhaite. Ils sont indépendants. C’est une image de marque que je voulais consolider, même si c’est plus long. Cela assoit l’image de marque que je veux donner. 

Alice : On va parler de tes chaînettes. Tes chaînettes sont un beau succès, soit en chaînette soit en sautoir. Bravo pour la subtilité !

Meg  : Je suis créative, j’ai décidé de créer des chaînettes. C’est la tendance. J’ai créé six modèles de chaînettes. J’ai envie qu’elles soient multi-usages, sautoir, porte masques ; Et j’ai l’intention de poursuivre ce projet.

les chainettes Megeyewear au Point de Vue d'Alice
Chainettes Meg Eyewear

Alice  : Je suis ravie de pouvoir représenter tes créations. Tu fais de belles choses. Tu défends de bonnes idées, rassurantes et équilibrantes. Pour en savoir plus sur toi, quels sont tes supports ? 

Meg  : Je suis active sur Instagram, vous pourrez y découvrir mon univers.

Mon site internet : megeyewear.com, vous trouverez les photos de chaque modèle dans chaque couleur, l’histoire du pourquoi du comment. 

N’hésitez pas à m’envoyer des messages, c’est moi derrière instagram, c’est moi derrière le site.

Alice  : tu tires beaucoup de ficelles à toi toute seule, bravo

Meg  : C’est ça qui rend le quotidien plus sympa !!

Alice  : Je suis ravie de faire connaître ton parcours. Je ferai le maximum pour valoriser tout ça. Et continue de nous proposer de si belles choses !

Meg : J’étais ravie d’échanger avec toi et d’expliquer toute mon activité. Merci de m’avoir donné l’opportunité de raconter tout ça. 

RDV Au Point de Vue d'Alice Show Room Privé sur Quimper

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