Alors que 2026 arrive, il est temps de plonger dans l’univers captivant de la couleur Pantone® qui inspirera notre année. Pour la première fois, la société Pantone® choisit le blanc comme « couleur » de l’année. Au Point de Vue d’Alice on ne vous le cache pas, on est plus que déçues, nous qui aimons tant la couleur.

Dans cet article, nous explorons la symbolique de ce choix si particulier. Au delà de la déception, c’est un message fort quasi politique que met en avant la société Pantone®. Le blanc et les lunettes blanches, c’est tout un sujet, parlons-en ensemble !

Cloud Dancer : neutralité, sobriété et surtout très… blanc !

L’Agence Pantone® : Des Couleurs au Service de l’Esthétique Mondiale

Pour comprendre l’influence de Cloud Dancer en tant que couleur Pantone® de l’année 2026, il est essentiel de se plonger dans l’univers de l’agence Pantone®.

Fondée en 1962 par Lawrence Herbert, l’agence a rapidement acquis une renommée mondiale en introduisant un système révolutionnaire de classification des couleurs. Le Pantone Matching System® (PMS) est un langage standardisé qui permet de définir chaque nuance avec une précision inégalée, éliminant ainsi les variations subjectives associées aux noms de couleurs conventionnels.

L’objectif principal de Pantone® est de simplifier la communication des couleurs dans divers secteurs, allant de la conception graphique à la mode en passant par l’industrie manufacturière. Grâce à son éventail de couleurs normalisées, Pantone® offre une base commune pour la création et la reproduction de teintes, garantissant une cohérence visuelle à travers le monde.

La couleur Pantone® devient ainsi un langage visuel universel, permettant aux designers, créateurs de mode, artistes et même aux fabricants d’assurer une compréhension précise et cohérente des teintes spécifiques. En choisissant une couleur Pantone® de l’année, l’agence ne se contente pas de dicter une tendance esthétique, mais elle guide également les industries créatives vers une palette commune, favorisant l’harmonie visuelle et encourageant l’innovation.

Cloud Dancer : ce qu’en dit Pantone®

L’agence la présente comme “Un murmure de tranquillité dans un monde bruyant”, qui pousse à la réflexion, la relaxation et à la détente. Elle est conçue comme une vraie “page” blanche pour repartir à zéro, laisser parler la créativité.

D’après Pantone®, elle symbolise la pureté, le bien être et la légèreté et s’adapte à toutes les couleurs.

Après la déception, essayons de comprendre…

Après le Peach Fuzz nude (2024), le Mocha mousse sobre et naturel (2025), on peut dire que Pantone® a gravi la dernière marche qui vise à sortir la couleur de nos vies. Que représente la couleur aujourd’hui ? Pourquoi avoir choisi ce blanc cassé triste et terne ?

Émotion

Si vous observez autour de vous, vous le constaterez, la couleur a disparu. Au revoir les voitures colorées des années 80, la couleur a aussi disparu de nos intérieurs et de nos vêtements. Nous sommes entrés dans un monde “épuré”. L’absence de couleur est perçue comme rassurante, elle donne une illusion de contrôle et de stabilité dans notre monde de plus en plus en détresse et en désordre.

Ce blanc vient renforcer ce besoin de contrôle, il ne vient pas créer davantage d’émotions. À l’inverse, la couleur vive exprime quelque chose, elle prend de la place, elle dérange parfois et surtout elle déclenche des émotions dans un monde aujourd’hui surchargé d’informations. La couleur nous remue : elle influence nos émotions et notre perception. Nous sommes de plus en plus désensibilisés des émotions que nous éprouvons envers les autres, notamment avec la violence des images auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement. Les individus se confortent dans des couleurs plus rassurantes qui n’expriment rien, comme le blanc. 

De nouveaux courants émergent, conscients de cette disparition inquiétante de la couleur dans notre environnement : c’est le “Dopamine décor”, rendu populaire par Tiktok et Pinterest. Il utilise le pouvoir émotionnel des couleurs dans nos espaces de vie, pour créer un intérieur qui fait du bien psychologiquement.

Les environnements colorés permettent d’augmenter la créativité (couleurs vives, contrastées), de favoriser la productivité (bleu clair ou vert dans un bureau) ou encore de réduire l’anxiété (tons pastels ou verts doux).

Nature

Toutes les couleurs sont dans la nature ! La disparition des couleurs est aussi un symptôme de notre déconnexion à la nature (lumière artificielle, bruit constant, surfaces lisses). On consomme plus d’écran, on vit moins en extérieur. On s’éloigne des sensations et du bien-être que peuvent nous procurer les couleurs, les formes, les textures naturelles.

Pour la santé visuelle au quotidien, plus de lumière naturelle, de détachement des écrans et de plein air permettent de reposer les yeux.

Le blanc c’est le moderne, l’urbain, le lisse, le parfait, alors que la couleur est reliée au naturel, à l’émotion, au vivant et à la matière. On comprend alors davantage ce choix de couleur.

Société

​​Dans l’architecture, la mode, le design, l’urbanisme, les couleurs neutres comme le gris, le beige, le noir et le blanc se vendent mieux et plaisent au plus grand nombre. On est dans une ère de standardisation globale : on fabrique des environnements uniformes, interchangeables, sans identité propre, sans caractère. Car choisir la couleur demande aussi du courage : c’est accepter de ne pas plaire à tout le monde, de ne pas être “neutre”, de ne pas se cacher et d’affirmer sa singularité. 

On apprend également à moins vite s’en lasser. Le blanc nous rapporte quelque chose de rassurant, dans un monde où on a trop et où on consomme trop. On a trop de choses, trop de vêtements : ces couleurs minimalistes posent des bases. 

Là où Peach Fuzz et Mocha Mousse représentaient le lien relationnel, la connexion entre les individus avec leur douceur chaleureuse, le blanc, lui, évoque l’absence de relation humaine. Enfermé dans la technologie et avec l’émergence de l’intelligence artificielle, il exprime une certaine distance et froideur entre les personnes. 

Cloud Dancer à travers le Regard des Créateurs de Lunettes : Qu’en pensent-ils ?

Plongeons dans l’univers des créateurs de lunettes pour découvrir leur avis sur cette « non couleur » choisie cette année et surtout, que pensent-t-ils des lunettes banches ? J’ai eu le privilège d’échanger avec Romain, l’esprit créatif derrière La Brique et la Violette, Mégane de Meg Eyewear, ainsi que Claire de Maison Lune. Leurs perspectives uniques sur Cloud Dancer offrent un aperçu fascinant de la manière dont cette teinte influente s’intègre dans le monde de la lunetterie, derrière une apparente déception.

Le blanc et La Brique et la Violette :

“Elle est inspirante, la neutralité et le contraste qu’elle amène, référence naturelle à une élégance rétro. Pour les femmes cherchant un côté très couture et un style original et personnel”

Points forts : La neutralité et le contraste qu’elle amène, référence naturelle à une élégance rétro.
Points faibles : Peut être très marquée.

Le blanc et les MEG Eyewear :

“Si cette couleur est assez compliquée en lunetterie, son minimaliste et sa neutralité peuvent être très appréciés en merch. Il permet justement de mettre l’accent sur les montures en s’effaçant à coté. Très mode et estivale, pour cible assez jeune (et bronzée ! )”

Points forts : Très mode et estivale.
Points faibles : Difficile à porter, surtout en hiver.

Le blanc et Maison Lune :

“On peut s’amuser à l’associer avec des couleurs pour créer une émotion plus douce, plus intemporelle. Utilisée toute seule elle peut être fade, c’est un blanc un peu fatigué, une couleur qui a traversé quelque chose… Il faut l’associer à d’autres couleurs pour raviver son éclat“

Notre conclusion sur cette couleur

En conclusion, Cloud Dancer, couleur de l’année 2026, est avant tout un message, plus qu’une couleur. Ce choix est certainement le reflet d’un malaise général de la société. Cependant, il est possible que Pantone® ait choisi volontairement cette couleur pour initier une prise de conscience.

Le Cloud Dancer serait là pour prendre le contre pied et pousser les gens à utiliser la couleur, car on se rend compte des limites créatives, inspirantes et symboliques du blanc. Paradoxalement, nommer le blanc comme couleur de l’année permettrait aux individus de développer leurs attraits pour les autres couleurs. Tout ceci via le biais de réactance psychologique qui est un mécanisme par lequel une personne, lorsqu’elle perçoit qu’on tente de restreindre sa liberté de choix (ou de l’influencer trop directement), va adopter l’option opposée, pour réaffirmer son autonomie.